Donner à Gustave

Troisième semaine, le passage

La troisième semaine fut difficile. Dure. La fatigue accumulée peut-être, le kick de la nouveauté passé, la fièvre-ganglions-mal de gorge par dessus le marché, la pluie et re-re-re la pluie… Who knows. Personne n’est habitué à la vie de camp, bien entourés mais toujours entourés et jamais seuls, le bruit, le lit trop mou, on se pile sur les pieds, les horaires de douches, de bains, les heures de coucher, la laveuse toujours prise quand on en a besoin, le seul couteau qui coupe aussi…. ce genre de choses. Et petite chose deviendra grande. Tout le monde s’entend bien, tous sympas, pas ça le problème. Une petite usure peut-être, un malaise passager, une fatigue de mi-parcours. Gustave a eu de petites poussées de fièvre, mal d’oreille, mal de gorge, et un teint verdâtre peu enviable. À un jour ou deux de décalage j’ai eu les mêmes symptômes. Fini l’humour de Don Juan, fini le charme et les jacasseries. Gustave est silencieux en classe et hors classe, il pleure quelques fois, bref il ne file pas.

(…)

Le passage de l’histoire de Gaye Lynn dans la nôtre s’achève pour nous sans un aurevoir, sans photo de groupe, silencieusement à la fin des trois semaines de thérapies, 40 plongées hyperbare, un vendredi midi. Elle aura fait des progrès ici, pour sûr; autant que son mari l’aurait souhaité? Je ne sais pas, mais j’imagine que non parce que j’imagine que l’on souhaite toujours la guérison, le retour, le miracle. Et elle, qu’en pense-t’elle? Parce que  je me trompe peut-être dans mes présomptions et mon point de vue de public importe peu de toute façon. Elle était plus calme à la fin du séjour qu’au début, plus expressive aussi. Et peut-être plus fatiguée. Pianiste à l’église, très active et impliquée dans sa paroisse, excellente cuisinière, reine du potager, toujours sur une patte… Toute sa vie elle a empêché son mari d’enfourcher sa moto sans casque, et voilà qu’un jour elle-même a dérogé et est montée à cheval sans sa bombe. Ce jour-là elle est tombée, le cheval aussi, et la surface était dure. Quelques années plus tôt la médecine n’aurait pu la sauver. Et depuis ce jour ils sont peut-être plusieurs à méditer le sens du sauvetage. Joe dit que c’est injuste, elle est désormais condamnée à sa cuisine décongelée, préparée par une certaine Michelina que personne ne connait mais qui en cuisine une sacrée traite. Il a aussi dit qu’il continuerait l’hyperbare, il avait déjà acheté une chambre portative pour chez lui après l’accident, mais il n’a jamais réussi encore à l’utiliser. Alors je leur souhaite bonne route et bon courage. Et je les remercie d’avoir croisé notre histoire l’espace de quelques semaines.

Keli aussi est repartie et Jim son mari arrivera dimanche pour la fin du parcours avec ses deux fils. Honey, la jeune grand-maman Texanne passera la semaine avec nous. Il faut vous dire une chose: Gustave l’épousera. Il a averti Pops, son mari depuis 35 ans (épousé quand elle n’avait encore que 18 ans), qu’il la garderait. En fait, ce fut une première, je crois que c’est Honey elle-même qui lui a fait des avances, à ce jeune handsome man. Nous sommes d’ailleurs officiellement invités au Texas pour la grande fête du 4th of July. Nous verrons bien où nous mèneront les amours de Gustave…

Et pendant ce temps, Camilien ne parle, n’a d’yeux et d’oreilles que pour Toy Story 3, une vraie folie. Tous les jours, tous les Skype familiaux, toutes les discussions, toutes les questions, tout, tout, tout tourne autour de Toy Story. Sacré Luigi va. Peut-être qu’un peu plus de maman et de Gustave aideront le sevrage de Buzzlightyear quand Camilien arrivera au camp…

À suivre


2 commentaires on “Troisième semaine, le passage”

  1. Avatar de Françoise Françoise dit :

    Courage! C’est bien vrai que vous n’êtes plus sur l,adrénaline à présent, et que le temps s’est mis à la pluie. Mais l’expérience suit son cours et sa portée dépasse les 3 semaines que vous aurez passé là. Merci Julie pour ce regard «objectif».
    Et tout ira bien! Ce n,est qu’un peu d’usure.
    Much love, Bisous à Gustave et Camilien.

  2. Avatar de Marie-Jan Marie-Jan dit :

    Bonjour les amis,

    C’est le temps de redoubler d’ardeur dans nos « GO, GO, GO GUSTAVE… GO, GO, JULIE, GO GO TOUTE LA GANG DU ABILITY CAMP ». Nous sommes avec vous!
    La pluie c’est dur pour le moral, c’est sûr, et on s’essouffle, on a mal, on doute, mais… tout à coup, hop juste un petit rayon de soleil, ou un sourire, une chanson… et tout repart! « I’m singing in the rain ».
    Nous aussi on y goûte à Montréal, mais au moins nous avons les pieds au sec dans nos maisons.
    Nous vous embrassons très fort. À bientôt!
    Marie-Jan et Carole